TENUE ✻✻✻ ☾ Pianotant sur mon téléphone portable, je tourne en rond devant le campus de l’université. La grosse horloge m’indique qu’il a maintenant 5 minutes de retard. Si pour la plupart des personnes c’est acceptable, pour moi, c’est loin de l’être. Je n’aime pas être en retard et je n’aime pas que les autres le soient. Je pose la main sur mon bonnet, frottant ma tête avec la paume. Un simple regard à l’entrée du campus me fait savoir qu’il n’est toujours pas arrivé. Je tourne les talons et commence à avancer, visiblement agacée. Je déteste quand il fait ce genre de choses, surtout qu’il sait que ça me met particulièrement en rogne. Mes doigts tapotent toujours aussi furtivement sur mon téléphone, finissant d’envoyer un texto, j’en reçois simultanément un autre. Je continue, le nez plongé sur ce que je considère comme mon lien le plus précieux avec le monde. Je souris, satisfaite de la réponse de mon amie, continuant à fulminer sur l’incapacité de mon frère à me faire plaisir, ne serait-ce qu’une fois. Je slalome entre les passants, prenant à peine le temps de relever la tête, à l’exception pour traverser, histoire de ne pas me manger une voiture.
Je souhaitais profiter de mon premier week-end tranquille pour le passer avec Kaoru. En fait, il s’agissait du week-end d’il y a … deux semaines. Mais comme à son habitude, il avait mieux à faire – comprenez par là des pairs de jambes interminables et des soirées à n’en plus finir. Autant dire que j’étais plutôt remontée contre celui qui était né 2 minutes avant moi. Au bout de 10 minutes de marche, approchant des magasins, je me décide enfin à ranger mon téléphone dans mon sac. Il fait tellement chaud que le peu de tissu que je porte ne me suffit pas. Je n’ai qu’une envie : aller m’engouffrer dans un endroit frais ! Frère ou pas frère, je ne vais clairement me gâcher la journée. Pour la peine, je dépenserais le double de ce que j’avais prévu !
TENUE ✻✻✻ ☾ Etre en retard, tout un art que Kaoru maîtrisait parfaitement bien. Il savait et aimait se faire attendre. Mais bon, si sa sœur l’attendait aujourd’hui, ça n’était pas de sa faute. Une de ses conquêtes d’un soir l’avait reconnu et avait décidé de lui taper la discute. Kaoru aurait bien voulu continuer sa route, mais elle était bonne et la jolie brune lui avait demandé de remettre ça un de ces quatre, il fallait bien tout organiser, c’est qu’il avait un sacré emploi du temps le Franco. Bref, tout cela pour dire qu’il était en retard et qu’il savait que Reira allait lui faire la tronche s’il ne trouvait pas un moyen de l’amadouer. Mais ça, c’était déjà fait, il n’y avait plus qu’à espérer que cela fonctionne. Alors, puisqu’il était déjà en retard, cela n’allait pas changer grand-chose. Kaoru s’arrêta dans une franchise de boissons très connue pour y acheté le café préféré de sa sœur, ainsi qu’un pour lui, bien frais parce que la chaleur l’accablait. Puis tout guilleret, il se mit en route pour la retrouver. Mais comme par hasard – non en réalité, il s’y attendait – Reira n’était plus au point de rendez-vous. La patience et elle, cela faisait deux.
Soit, il haussa les épaules en s’avançant la tête haute entre tous les étudiants. Enfin, il repéra sa cible et en toute discrétion il se cacha derrière elle pour la prendre dans ses bras. Il colla le dos de la jeune femme à son torse musclé tandis que l’une de ses mains, celle qui tenait son café à lui entoura son ventre. Quant à l’autre main, elle lui tendit sa boisson. Il se pencha pour embrasser sa joue, qu’on pense qu’ils soient en couple ne le gênait pas. C’étaient les gens qui étaient bizarre à penser que ce n’était pas normal de faire un bisou à sa sœur pour la saluer. « Son café préféré à ma petite sœur pour me faire pardonner du retard. » Enfin il se recula en buvant un peu de sa boisson fraiche. Il haussa un sourcil avant de retirer le bonnet de la tête à sa sœur. « Ca te sert à quoi en plein été ça ? » Enfin, il zieuta les environs, avant de lui rendre son bonnet et de fourrer sa main libre dans sa poche. « On commence par quoi alors ? »
TENUE ✻✻✻ ☾ En face de moi se dresse la tour 109 et je pense que c’est le meilleur endroit pour centraliser tous mes souhaits d’achats. Je m’arrête au niveau du passage piéton, attendant patiemment que le feu passe au vert avant de traverser. Mon téléphone ne s’est toujours pas mis à sonner et je me dis qu’il m’a laissé tomber pour une de ses greluches. Rien que d’y penser, je sens monter un frisson le long de ma colonne. Je ne supporte pas ces filles superficielles, toutes plus fardées que l’autre, qui tournent autour de mon frère. Si elles pouvaient être à la limite au QI d’un singe, j’en serais satisfaite. Mais apparemment, le genre intellectuel n’est pas ce qui attire mon idiot de frangin. J’avance d’un pas, mais mon pied n’a pas le temps de se poser à nouveau sur le sol. Je sens mon corps happé à l’arrière, les bras instinctivement tendu en avant pour retrouver un semblant d’équilibre. Je me raidis en m’affalant presque sur un torse masculin. Des lèvres viennent toucher ma joue et je sais d’instinct qu’il s’agit de celui que j’attends depuis le début. Je me dégage, repoussant son bras qui m’enserre, déjà agacée par ses tentatives d’excuse. En fait, d’être tout contre lui me fait toujours un effet étrange, effet qui me fait rougir de honte mais que je tente d’exprimer sous forme de colère. Forte poitrine ou brune à lèvres dégueulasses ? Je fais bien évidemment référence à la fille qui a très certainement dû le retarder et qu’il n’a évidemment pas repoussé. Mon frère est incorrigible. De mes trois frères, c’est celui qui sait le moins bien se tenir. Je me saisis du cup et quand je la porte à mes lèvres, je sens cette délicieuse odeur de café avec supplément caramel. Le sucre a tendance à me radoucir. Je ferme les yeux une fraction de seconde, laissant le liquide brûlant descendre dans ma gorge. J’adore ce bonnet ! Déconne pas !
Je tente de lui arracher le bonnet, mais j’échoue bien évidemment lamentablement. C’est sûr qu’avec mon mètre soixante-deux, je suis bien loin de pouvoir rivaliser. Je boude, pivotant sur mes talons et traversant, ne prêtant pas attention à mon frère qui me suit peut-être. J’avais envie de commencer par faire du shopping, mais je pense à le faire souffrir lentement. Sans un mot, je tourne à gauche et me dirige vers une salle de cinéma. Ma grande passion sont les films d’horreur. Je peux passer une journée entière à enchainer n’importe quel film de possession, gore ou bien de tueur en série. J’ai un petit côté glauque que les autres filles ne comprennent pas. En vérité, il m’arrive de regarder des films romantiques et d’en pleurer. Mais je parage rarement cette information. Je m’arrête devant le grand cinéma de Shibuya et pointe un film du doigt. On va voir ça ! Et bien sûr, tu paies le pop corn et la glace. Mon choix c’est porté sur le tout dernier film de fantôme. Bien évidemment.
TENUE ✻✻✻ ☾ Kaoru pouffa de rire. Les réactions de sa sœur étaient toujours épiques. Pour le moment cela allait, ça n’était pas encore étouffant, mais il savait qu’il allait bientôt regretter de la piquer de la sorte. Mais que voulez-vous ? C’était dans son tempérament, de ne prendre jamais rien au sérieux. D’ailleurs, Kaoru il faisait plutôt peur quand il était sérieux, il valait mieux donc éviter. Quelle tigresse ! Parfois, le jeune homme, se demandait ce que ça aurait donné si Reira n’était pas sa sœur. Ca n’était pas réellement du fantasme, parce que justement les barrières du sang en commun l’en empêchait – lui – mais c’était de la curiosité pure et simple. « Une belle brune avec un joli cul. » répondit-il du tac au tac, et pourtant dans une sincérité presque candide. Bien sûr, il fallait que la jeune femme fasse sa capricieuse, qu’elle mène les rennes, et qu’elle tourne le dos à son frère. Ce dernier soupira avant de la suivre et d’entourer les épaules de sa cadette de deux minutes de son bras musclé. Et ainsi, il empêchait les mâles en rut de poser leurs yeux dégoûtants sur sa sœur. Lui ? Comme eux ? oui c’est vrai, il était exactement comme eux. Mais si lui se permettait de poser ses yeux et voir de remplir la sœur d’autrui, il ne donnait pas ce droit aux autres sur ses sœurs, du moins, il essayait de les préserver – autant dire que ça fonctionnait peu pour la grande. Mais elles lui étaient précieuses, alors c’était comme ça et puis c’était tout.
La mine du grand frère se décomposa en voyant l’affiche du film que pointait du doigt sa sœur. Jamais on n’avait vu le visage de quelqu’un pâlir aussi vite. « Hm. Okay ! » répondit-il peu convaincu. C’était plutôt drôle, mais Kaoru ne refusait jamais de voir un film avec des esprits ou d’entrer dans une maison hantée à cause de son égo surdimensionné, mais jamais il ne le supportait et souvent, son côté féminin ressortait en trombe pour lui foutre la honte. Mais bon, Kaoru était la preuve que le ridicule ne tue pas. Il la prit par la main et la guida dans la bâtisse. Ils firent la queue un petit moment, les yeux de Kaoru se perdant sur des jolies paires de fesses par-ci, par-là. Ils arrivèrent au comptoir, et en gentil grand-frère, le brun paya tout à sa Reira d’amour. Peu enthousiaste, il entra dans la salle, offrant un sourire à une belle inconnue avec qui ils s’envoyaient des battements de cils depuis la queue pour le film. Ils s’assirent où la miss choisit, bien évidemment et Kaoru fut bien heureux de voir l’inconnue s’assoir non loin de lui, à deux sièges environs, dans la rangée de derrière. Il allait lui faire la conversation, hors de question qu’il se pisse dessus en matant ce film démoniaque !
TENUE ✻✻✻ ☾ Une brune avec un joli petit cul ! Moi aussi j’ai un joli petit cul … Euuuh! Je secoue frénétiquement la tête pour penser à autre chose et me mettre des images plus saines en tête. Il faut vraiment que je pense à me faire soigner. Je laisse Kaoru payer, je pointe ce que j’ai envie de manger du doigt. J’adore avec un énorme pot de pop-corn et n’en manger que la moitié. Méticuleusement, je regarde mon billet pour connaitre la salle dans laquelle le film sera projeté. J’ai à peine baissé les yeux qu’il en profite pour reluquer une autre greluche. Mon regard se pose donc sur elle, les yeux noirs. Evidemment : ventre à l’air, short … Okay, je suis habillée pareil. Mais moi j’ai eu la décence de mettre une longue veste. Elle, non ! Je me saisis de la main de Kaoru pour le ramener à la réalité – Hello, I’m here connard ! (oui, j’ai tendance à prendre les traits de personnalité de Shinzô en étant énervée) – et à moi bien sûr. La salle est plutôt fraiche, alors c’est l’occasion rêvée de me coller confortablement à Kaoru. Il est tout en muscle et par moment, ce n’est pas trop pratique. Mais à force, j’ai trouvé la place idéale, dans le creux de son bras. J’ingurgite un à un les pop-corn que je prends à peine le temps de mâchouiller. La salle est pleinement éclairée.
J’ai vu pleins de com… Really ? Je lève les yeux vers mon frangin et je vois qu’il est en train de faire des signes à la greluches. You really decided to fuck my day ! Et toi regarde ailleurs la moche! Je parle bien sûr à la fille qu’il drague, en lui balançant plusieurs pop-corn – ça sera ça en moins pour lui – pour finalement lui balancer tout le sachet, tellement sa face m’agace. Bien sûr, comme la plupart des greluches qu’il drague, ces filles pensent qu’elles peuvent avoir de la voix et du répondant. Cette dernière, furax, s’avance vers moi. Tu te prends pour qui pour me balancer ta merde ? Je te rends service ! Ca t’aidera à embellir ta sale tête et à mettre un peu de forme sur ton cul flétri ! Elle ouvre grand la bouche, restant pantoise quelques secondes. Je me suis mise debout à mon tour et il n’y a que Kaoru qui nous sépare.
TENUE ✻✻✻ ☾ Le regard de biche de la jeune femme envoûta Kaoru, mais en réalité, seulement parce qu’il ne voulait pas se concentrer sur le film. Elle était bien bonne, et avait de jolis traits, mais s’il n’avait pas été dans cette salle de cinéma avec un film d’épouvante en diffusion, il ne serait pas intéressée à elle, ni à quiconque d’autre. Tout était de la faute de Reira. Il fit un geste d’appel, vers son oreille pour signifier à la belle qu’elle devait lui donner son numéro de téléphone, mais c’était sans compter sur Reira qui le grilla, et qui se mit à sur-réagir. « Oh calm down sister ! » A vrai dire, depuis qu’il était au Japon, hormis pour draguer ou à certains cours, Kaoru n’utilisait plus vraiment l’anglais alors il se sentit un peu maladroit même si c’était sorti tout seul. Le brun se dressa sur ses pattes en même temps que sa sœur et fit un mouvement à la matrix pour éviter le pop-corn volant. La belle inconnue, soudainement en colère – il y avait de quoi après tout – se mit à râler contre Reira, si ça continuait, il y aurait crêpage de chignon. Kaoru écarta alors les bras pour séparer les filles, sauf qu’il n’avait pas compris que la distance était courte et sa main tomba pile poil sur la poitrine de l’inconnue brune, qu’il tâtonna machinalement avant de s’en rendre compte. « Oups, pas fait exprès ! » s’excusa-t-il avant de lever les mains comme si on braquait un pistolet sur lui. Non parce qu’il savait que ça pouvait partir en troisième guerre mondiale à cause de ça.
« Allez les filles on se calme là ! » Finalement un mec se mit à râler à cause du bruit engendré par la dispute et insulta Reira. « Trois secondes. » Sans se faire chier en contournant, il rejoint la place du mec en marchant sur les siège pour aller lui foutre une patate. « Ta gueule. » Puis il revint, prit le poignet de sa sœur pour la sortir de la salle et l’engueuler. « Putain Reira c’était quoi ça ? » Il se massa la nuque, tournant limite en rond. « Ca va dans ta tête ? »
TENUE ✻✻✻ ☾ A la seconde, je n’entends même plus mon frangin me demander de me calmer. Et tant mieux, parce que c’est clairement le genre de choses qui m’énerve encore plus. Je ne pense qu’à saisir les cheveux de cette blonde décolorée. Mais Kaoru se lève et tente de nous séparer. Bien évidemment, il faut toujours qu’il prenne la situation à la légère. Comme ça l’a toujours arrangé. Je crois que je deviens rouge à force de contenir ma colère. Mais je profite qu’il lève les mains pour m’avancer et la pousser en arrière. La garce perd l’équilibre, mais se retient de justesse, fulminant à son tour. Je la vois poser rageusement son sac, prête à répondre à mon agression. C’est à peine si j’entends le mec m’insulter mais quand Kaoru grimpe sur les sièges, je m’arrête net et le regarde. Je comprends trop tard ce qu’il s’apprête à faire. Je n’ai même pas le temps de le prévenir que le poing est déjà parti. Ma seconde d’inattention me vaut cher puisque l’autre garce en profite pour me coller une gifle. La main sur ma joue rougie, de l’autre j’envoie ma main mais là encore Kaoru arrête mon geste en m’entrainant à l’extérieur.
Je me débats comme une enragée pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mais je n’ai clairement pas la même force que mon frère. Nous sommes déjà à l’extérieur de la salle quand il me lâche enfin. Je reste debout comme un piquet, serrant les poings le long de mes jambes, détournant volontairement le regard. Kaoru ne comprend jamais rien. Ce n’est pourtant pas compliqué. T’es nul ! Si pour toi passer du temps avec moi c’est autant une perte de temps, retourne à tes grogniasses vulgaires ! Je sais que j’ai les larmes aux yeux quand je le fixe du regard. Mais je suis tellement pleine de colère que je n’arrive pas à réagir autrement. Je replace mon sac sur mon épaule. Pas la peine de te forcer ! J’ai envie de l’insulter de tous les noms. Mais voilà que du monde nous regarde. Alors je finis par taper du pied et partir en courant du cinéma. Mes plateformes ne m’aident pas vraiment mais je n’ai pas spécialement envie de rester là une minute de plus.
TENUE ✻✻✻ ☾ C’était parti pour la prise de bec. Sérieusement, Kaoru n’y pouvait rien lui si sa sœur avait décidé de regarder un film d’épouvante alors qu’elle savait pertinemment qu’il n’aimait pas ça. Alors okay, il avait accepté, mais c’était non seulement par fierté, mais surtout pour lui faire plaisir, histoire qu’elle ne râle pas et passe un bon moment à regarder ce truc que lui, haïssait. Il en faisait des cauchemars le soir après, ce n’était pas rien ! Alors si une nana qui passait par là avait le pouvoir de le déconcentrer du film terrifiant, il n’allait pas lui cracher dessus. De toutes manières, c’était soit ça, soit se scotcher à son téléphone portable en priant pour que les bruitages – qui étaient suffisant à lui faire peur – ne l’effraie pas encore plus. « Mais qu’est-ce que tu racontes là ? J’allais pas non plus la rembarrer sous prétexte que ma sœur est pas contente? » Il soupira, agacé. « Et puis merde hein ! Tu sais très bien que je supporte pas ce genre de film mais t’en avais rien à foutre à ce que je sache ! » Oh, il n’aimait pas avouer qu’il n’aimait pas ça, même si ce n’était pas un secret… « Je suis peut-être allé trop loin en draguant cette meuf, mais c’est parce qu’il fallait bien que je me concentre sur autre chose. » Ce n’était pas des excuses, ni vraiment une justification, ça sonnait même plutôt comme un reproche.
Encore une fois, Reira n’en faisait qu’à sa tête. Un soupire de plus, et voilà que Kaoru couru pour la rattraper la retenir par le poignet. « C’est bon arrête de faire la gueu… » Il ne put finir sa phrase car interloquer par un gars qui se précipitaient vers eux en courant. C’était sans doute le gars qu’il venait de frapper toute à l’heure. Il le pointait du doigt en l’insultant. Si Kaoru s’en fichait présentement, son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il l’entendit traiter sa sœur de « pute » et de « sale trainée. » Oh, il avait commencé à marcher vers lui pour lui faire tâter sa joue pas encore dépucelée de son poing, seulement, il vit une mini horde de gorilles (les vigiles quoi) venir en aide à cet enfoiré. L’Aomine n’était pas bête, il ne faisait pas le poids. Alors il courut vers sa sœur, la pris dans ses bras comme une princesse – elle a du la chance, ça aurait pu être comme un sac à patate – puis il s’échappa de la bâtisse avec elle, et fuit vers une ruelle plus loin où ils n’avaient pas eu l’idée de le suivre. Essoufflé, il laissa sa sœur rejoindre le sol avant de poser ses mains sur ses cuisses pour reprendre son souffle avant de lancer un regard blasé à Reira. « C’était mouvementé ! » finit-il par dire, tentant tant bien que mal d’alléger l’ambiance. Il se redressa avant de prendre sa cadette dans les bras. « C’est bon on passe à autre chose, je suis désolé Reira. » Il n’était pas venu pour se foutre d’elle ou lui causer du mal, il n’était juste pas très doué comme frère sans doute.
TENUE ✻✻✻ ☾ Je fulminais sur les touches de mon téléphone, cherchant bêtement mes mots à des idées pourtant simples. J’entendais Kaoru mais je faisais tout mon possible pour ne pas prêter attention à ce qu’il racontait. Parce qu’il allait encore me retourner le cerveau, comme il a l’habitude de faire. Il suffit que je l’écoute parler, se dépatouiller à m’expliquer qu’en gros c’est un mec, pour que je finisse par hausser les épaules comme une couillonne. La seconde d’après, je captais à peine ce qu’il se passait. Je sentis qu’on me soulevait, j’entendis des cris et compris vaguement qu’il y avait une course poursuite. Dans la foulée, heureusement pour moi, je tenais mon téléphone fermement. En redescendant des bras de Kaoru, je constate que personne ne nous suit ; je ne vois personne débouler ici en nous cherchant. Je range mon téléphone dans mon sac quand mon frère me demande de passer à autre chose. C’est plutôt difficile en sachant que j’ai du mal, justement, à passer à autre chose quand je suis encore agacée. Mais si je veux au moins qu’on en profite, il vaudrait mieux que je change de sujet. Je soupire avant d’attraper sa main, entremêlant mes doigts aux siens, pour le tirer en avant. Ok ! J’ai un truc à acheter. De toute façon, je ne lui laisse pas trop le choix. Kaoru et moi, c’est très souvent qu’on nous prend pour un couple. Parce que physiquement, nous ne nous ressemblons pas, malgré le fait que nous soyons nés le même jour. Alors forcément, les autres ne s’imaginent pas que nous ayons un quelconque lien de parenté. De mon côté, ça ne me dérange pas … Etrangement. Depuis quelque temps, je me pose de sérieuse question sur mon regard à Kaoru. Je vois bien que je ne le regarde pas de la même façon que Shinya et carrément pas de la même façon que Shinzô. Le premier est le frère dont je suis le plus fière d’être la sœur. Le second est une déception cuisante.
Nous nous approchons de la grande tour. Je trépigne déjà à l’idée de dénicher la pièce rare. Evidemment, il y a beaucoup de monde aujourd’hui, parce qu’il fait beau et que la plupart pensent notamment à se rafraichir dans les boutiques. Je ne me préoccupe pas du premier étage et grimpe déjà sur l’escalator. Même à une marche plus haute que lui, Kaoru me dépasse toujours d’une bonne tête, au moins. Je m’amuse à ébouriffer ses cheveux, pincer sa joue comme le faisait notre grand-mère. Il m’agace autant qu’il me manque cet imbécile. Je ne prête pas attention au groupe de filles qui nous observent de l’étage au-dessus, l’air visiblement d’envier ma place. Si elles savaient. Je cherche un truc HYPER précis ! Tu te souviens du défilé que je t’ai fait regarder avec moi la fois dernière ? Le dernier mannequin portait une longue robe d’été, un peu vaporeuse, avec une légère fente sur le côté. Tu t’en souviens hein !?
TENUE ✻✻✻ ☾ Légèrement essoufflé, Kaoru avait finalement réussi à calmer sa sœur, enfin, il le croyait, mais il n'était jamais certain de rien avec Reira. Il avait beau râler sur le fait qu'elle lui tape des crises, il aimait quand même qu'elle lui montre de l'intérêt et qu'elle s'occupe de lui. Il avait l'impression d'être une sorte de bébé choyé par sa sœur, et il appréciait beaucoup ça, dans la mesure où la brune ne partait pas dans l'excès, et malheureusement, elle allait toujours dans cette direction. Il lui laissa sa main et consentit même à entrelacer ses doigts aux siens. Le brun savait pertinemment que certains les prendraient pour un couple, mais ça ne le dérangeait pas plus que cela. Au moins on approchait pas sa sœur avec de mauvaises intentions, la surveillance était plus simple. Ils sortirent donc de la ruelle ou Kaoru les avait caché, ce dernier toujours l'oeil vif si jamais les gorilles repointaient le bout de leur nez.
Une fois dans la tour, Kaoru laissa sa petite sœur monter sur l'escalator en premier, de toutes manières ça n'était pas comme si elle allait le dépasser. Néanmoins, elle en profita quand même pour l'enquiquiner, pauvre de lui. Un peu fatigué par sa course, Kaoru enlaça sa sœur et posa son menton sur le crâne de cette dernière en fermant les yeux un instant. Si là ils n'avaient pas l'air d'un couple, c'est que le concept de ce mot était erroné. Et pour une fois, il ne regardait pas une autre, si ce n'était pas gentil de sa part ! Le géant écouta attentivement ce que disait sa sœur et en effet, il voyait de quoi elle parlait. Bien qu'il ne s'intéressait pas à la mode, il regardait souvent avec elle ce genre de show, tout simplement parce qu'il y avait des nanas – bien que souvent trop maigres à son goûts (il aimait le style occidental/américain avec de belles hanches, mais ça ne courait pas les rues au Japon) et parce qu'il y en avait de tous les pays du monde. « On peut trouver ça ici tu penses ? » Longeant l'allée toujours la main scellée à celle de Reira il réfléchit. « Elle t'ira bien, t'as un peu plus de hanches qu'elle, pas énormément mais quand même, ça sera plus harmonieux. » Mais il devra faire attention aux regards des autres mâles quand elle la portera. « Si on la trouve, je te l'offre. » dit-il simplement, sans chichi et sincèrement.
TENUE ✻✻✻ ☾ J’adore mon frère … Okay, je sais, j’ai un problème avec mon frère Kaoru. Je ne supporte pas qu’une autre le regarde, ou que lui-même en regarde d’autre. Quand je suis avec lui, je n’ai envie qu’il ne soit qu’avec moi et que pour moi. Si c’est étrange ? Oui ça l’est, car c’est carrément maladif. Je suis également en demande d’affection de la part de mon frère Shinya. Mais avec Kaoru, c’est complètement différent. Je n’ose pourtant pas me l’avouer. Pourquoi ? Parce que je sais que c’est étrange de regarder son frère de cette façon et d’avoir le cœur qui bat quand il vous enlace. C’est complètement glauque et les rares fois où j’y pense, j’en ai des frissons. C’est un peu comme avec Balemila. Parfois, j’ai du mal à la regarder sans avoir des envies étranges. Mais là, j’ai clairement envie d’en profiter un peu, en me blottissant un peu plus contre lui. Kaoru est juste à la bonne hauteur. C’est pour ça que je ne veux d’aucun homme dans ma vie et que je n’en cherche pas. Kaoru occupe toute la place pour moi. Surtout que malgré ses airs de méchant frère, il fait toujours attention à ce que je lui dis. Et c’est avec un grand sourire que je comprends qu’il s’en souvient. Je me retourne pour descendre de l’escalator, scrutant le magasin qu’il me désigne. J’acquiesce à ses remarques et nous entrons simplement dans le magasin. La vendeuse nous accueille d’un sourire et je file déjà dans les rayons à la recherche de la robe parfaite. Je fais la moue devant certaines, une expression joyeuse puis déçue quand je retire le vêtement. Non, cette boutique est nulle. Je remercie la vendeuse et attrape de nouveau Kaoru par la main. Trop nul ! Toutes leurs robes sont dégueulasses et mal coupées ! Je suis peut-être trop franche, mais j’ai au moins eu la délicatesse d’attendre de sortir de la boutique avant de m’exprimer. Nous flânons dans le centre commercial, je m’amuse de certaines tenues, et puis je commence à avoir faim. Oh laissons tomber ! J’ai envie d’une bonne glace ! Avec un autre café ! Pas toi ? De toute façon, je n’attends là encore, pas sa réponse. Je l’entraine déjà à l’extérieur du centre commercial, là où le soleil cogne fort et la chaleur se fait de plus en plus ressentir. Les rares fois où nous ne sommes pas en train de nous disputer, j’adore passer ces moments tranquille avec lui. J’en ai rien à faire que les autres nous pensent en couple ; ça me rassure même. Comme ça, aucune autre ne s’approche de lui. Je m’arrête devant un marchand de glace ambulant, me penchant pour regarder les glaces au parfum tous plus tentants que les autres. Ok ! On fait un méga mix de glaces ? Attends je vais envoyer ça à Shinzô pour le faire rager un peu ! Je m’arme direct de mon téléphone et prend en photo le stand. Si je n’aime pas me disputer avec Kaoru, j’adore le faire avec Shinzô. On dirait deux chats sauvages, quand nous sommes dans la même pièce. Qu’est-ce qu’il ferait plaisir à votre copine, Monsieur ?
TENUE ✻✻✻ ☾ Le brun suivit docilement sa sœur dans la boutique qu’elle avait choisie et ne put s’empêcher de reluquer un instant la vendeuse… charmante. Néanmoins, pendant le reste de l’essayage de Reira, il fit de son mieux pour ne jamais dévier son regard vers cette femme. De toutes manières, elle travaillait ici, il pourrait toujours revenir plus tard pour faire son petit numéro de charme. Autrement, les robes ici n’étaient pas vraiment très classes et ne convenaient pas à Reira, sa sœur méritait mieux, il fallait qu’elle s’en rende compte. D’ailleurs, en y repensant, cette vendeuse ne devait sans doute pas porter les vêtements de la boutique, ils étaient bien trop chic pour cet endroit. Kaoru laissa s’échapper un soupir de soulagement lorsque sa sœur triplée l’emmena au dehors de la boutique. « Je suis d’accord ! » dit-il en réponse à la belle. Par la suite, le mi-écossais, mi-japonais s’amusait à se moquer de certaines tenues avec sa sœur, n’y allant pas de main morte. De toutes manières, Kaoru lui, n’avait jamais été vraiment un tendre lorsqu’il s’agissait de moquerie.
Décidément, Kaoru était trainé comme un chien en laisse aujourd’hui, Reira n’en démordait pas. Cependant, l’idée de manger une glace, pour le glouton qu’il était, ne lui déplaisait pas du tout. « C’est pas comme si tu me laissais le choix non plus. » rétorqua-t-il histoire de faire un peu son rabat-joie, sans pour autant émettre une réelle opposition. Ils arrivèrent donc un stand de glace… tout droit descendu des cieux, sérieusement ! Les yeux du brun pétillaient, sa salive elle, voulait s’enfuir d’entre ses lèvres tellement il désirait s’empiffrer tout de suite. « Tant qu’on prend pas pêche. » Même s’il savait que Reira savait (ahaha) pour son allergie, il préférait toujours le rappeler, il était un peu chochotte et chiant à ce sujet. « Et laisse un peu le môme tranquille, après tu râles quand il te répond mal… » Sérieusement, ces deux là sont parfois insupportable quand ils sont ensemble, toujours à ce chercher des noises. Soudainement, l’étudiant fut interpellé par le vendeur et ce, d’une manière qui ne l’étonnait même plus maintenant. Reira, sa copine. Kaoru avait envie de sortir un gros LOL mais il tenta de garder son calme. « C’est pas encore ma copine. Voyez-vous, pour qu’elle accède à ce statut, elle doit franchir plusieurs étapes… Comme des épreuves vous voyez ? C’est pour savoir si elle est sincère, parce que les filles de nos jours… Ce ne sont plus celles de votre temps… Toujours à quémander des cadeaux, sans jamais être sincères, tout ça tout ça… » Oh, il était prêt à continuer son monologue, il aimait tellement inventer des histoires, et le pire c’est qu’avec son charisme, les gens l’écoutaient attentivement, comme ce vendeur dont il se foutait de la gueule.