GOD SAVE HE QUEEN

▬ feat SHINYA ▬

Aérodromophobie en voilà un mot qui donnerait mal au crâne à quiconque aurait à l’épeler trop souvent. C'est la peur de l'avion, une phobie même et comme toutes les phobies, elle se fout bien de savoir que l'avion est le mode de transport le plus sûr au monde ou qu'il est bien impossible d'en tomber en regardant au hublot. Irrationnelle par définition et c'est une phobie dont Gaïa ne souffre pas. Et tant mieux pour elle d'ailleurs parce que vu le temps qu'elle passe dans l'avion par année, y aurait de quoi céder à la panique et finir en centre psychiatrique. Parait qu'on y mange mal, très peu pour elle. Son principal soucis dans ces interminables Tokyo-Oxford qu'elle se farcit assez régulièrement c'est l'immobilité, être coincée là avec un choix très limité d'occupation. C'est la perte de temps. Tout ce qu'elle pourrait accomplir si elle n'était pas coincée dans un siège, plutôt confortable il faut l'avouer, pendant presque quinze heures. Surtout maintenant que la rentrée à sonner et que les choses sérieuses reprennent. Rajoutez à ça la semaine de cours entièrement ratée au profit d'assister à l'anniversaire de mariage de ses grands parents à Londres et vous voilà avec une Gaïa angoissée et rongeant son frein entre deux tapes frénétiques de dossiers de traductions à rendre au plus vite, mais déjà en retard. Pas que Gaïa soit du genre à se laisser déborder, mais les journées sont trop courtes. Son plus grand rêve ? Se faire cloner. En triple exemplaire, ça serait un bon début.

Il est déjà tard lorsque l'avion atterrit finalement en terre nippone et Gaïa, son sourire doux et ses yeux fatigués se frayent rapidement un chemin dans ces couloirs qu'elle ne connait que trop bien. En mode autopilote, le téléphone scotché à l'oreille pour prévenir sa famille qu'elle est bien rentrée et c'est à peine si elle lève les yeux du bout de ses hauts talons, juste assez pour récupérer sa valise aux couleurs du drapeau anglais. Bien que sous la tonne d'autocollants de toutes sortes et de tous les coins du monde, on devine à peine ce fameux drapeaux. Au moins elle est facile a repérer, presque autant que l'est la jolie bouille de Shinya dans une foule. « Hey ! Hi Shinya ! Thanks for picking me up ! » lui lance-t-elle d'une voix douce lorsqu'elle arrive finalement à sa hauteur et s'incline légèrement pour le saluer. Elle lui envoit un sourire presque tendre et lui emboite rapidement le pas, tirant sa valise derrière elle alors qu'ils se dirigent vers la sortie.  « Qu'est ce que tu dirais qu'on aille chercher des plats à emporter sur le chemin du retour ? C'est moi offre, pour te remercier de jouer au taxi. » Bien plus aimable et agréable qu'un vrai taxi cela dit.