Le maître a parlé. Demain, quatorze heure au centre commercial. Qui dit centre commercial dit la Shibuya 109. Le maître a dit que c'était pour maman, pour lui choisir un cadeau alors contraint, j'ai accepté. Chaussette, sandalette, un pantalon en toile, t-shirt blanc et une veste d'inspiration kimino rappelant les motifs linéaires de mon pantalon, un bob vissé sur la tête. Je ne passais pas inaperçu, je ne passais jamais inaperçu. Les japonais lambda ne s'habillaient pas comme moi mais qu'importe, ma tenue vestimentaire aidera mon maître à me trouver. Les yeux rivé sur mon téléphone, je m'amusais à capturer des pokémons, guidé par le gps du jeu. Enfin arrivé au pokéstop de la tour du 109, je m'arrêtais, regardant à droite puis à gauche. Trop de monde. Je frissonnais à chaque fois que le petit bonhomme passait au vert. Je détestais le contact physique et voir cette marrée humaine avancer dans ma direction me donnait froid dans le dos. La tête baissée, je me réfugiais sur mon téléphone, me terrant dans un coin pour que l'on m'oublie, que l'on arrête de me bousculer. Le maître a dit qu'il arriverait en retard, je devais être patient mais intérieurement, je priais pour qu'il arrive vite, sentant les larmes monter aux yeux.

La raison pour laquelle je sors rarement en ville, le monde. Cette marée humaine qui va et vient au rythme du changement de couleur du feu piéton. J'avais trouvé un coin tranquille, un coin où je m'étais réfugié sur mon téléphone, faisant tourner la pièce du pokéstop de la tour 109. Le maître avait dit qu'il risquait d'avoir quelques minutes de retard, je n'avais donc pas le temps de poser un leurre. Je me contentais donc de regarder mon téléphone dans l'espoir qu'un pokémon pop non loin de moi. Plusieurs minutes devaient s'être écoulés puisque le pokéstop changeaient de couleur et toujours pas de Hide en vu. Je commençais à m'inquiéter, mes larmes coulant le long de mes joues. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Qu'est-ce que j'allais devenir sans lui? Je savais où j'étais, comment rentrer et pourtant, j'avais le sentiment d'être perdu. J'avais beau trouver qu'Hide était un méchant, sans lui, je ne serai pas allé bien loin.

Je me faisais peut être des idées, j'inspirais et expirais à plein poumon pour me calmer. Si ça se trouvait, il avait été retenu par ses obligations. Après tout, je n'étais rien pour lui, un passe-temps dans le meilleur des cas. Mais s'il lui était arrivé quelque chose? Un accident? Une voiture qui l'avait renversé? Je fixais mon écran, mon concentrant sur une idée positive. Il m'avait promis que nous allions acheter un cadeau à Maman. Il avait peut être trouvé avant que j'arrive et si... C'était moi qui étais en retard? Si j'avais mal régler ma montre? Il allait me tuer... J'étais un homme mort. Faire attendre le maître était une mauvaise idée quand soudain... J'entendis sa voix m'appeler. Je sursautais, relevant lentement la tête vers lui. Ouf! Il allait bien! Le temps qu'il m'attrape, mes doigts s'étaient déjà refermés sur son vêtement. Je le laissais me manipuler, hochant la tête à sa question. J'avais à peine le temps de me calmer que le maître m'embarquait à l'intérieur du centre commercial. Si j'avais une idée de cadeau? J'étais mauvais pour ça. Des fleurs? Maman vendait déjà des fleurs... Un goodie d'un jeu rétro? Ça, c'était ce que j'aimerais... Je hochais les épaules. "Pardon... Je n'ai pas d'idée..." Qu'est-ce que les femmes aimaient? Aucune idée. Ma mère avait essayé de m'apprendre à parler avec les fleurs mais à cause de mon allergie au pollen, je ne l'avais jamais écouté, trop occupé à éternuer.